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Un journal, des réflexions, des lecture, de la poésie et quelques envies

De l'intimité et autres réflexions

Publié le 6 Juin 2012 par Silence d'antan

« Enfant perdu dans les autres,

Enfant éperdu des autres… » Bourdieu

Entendu ce matin une émission réjouissante sur Merleau-Ponty et sur ses théories, écrits, concernant la socialisation…De cet enfant qui grandit et que l’on imagine souvent se socialisant, alors que le philosophe défend la thèse inverse : cet enfant est un animal social se révélant, offrant ses émotions, qui se donne à voir, à entendre, qui se dit en toute confiance. Lorsqu’il grandit des blessures apparaissent, des barrières se construisent autour de lui….Peur d’être piégé, d’être lu, d’être moqué, comme si ces sentiments humains qui touchent à l’universel, devaient être cachés, occultés…

La défiance, la condescendance, la rivalité sont devenus le tronc commun de nos rapports humains, la gentillesse, l’empathie sont jugés, dépréciés, voire « taries », laissons les donc aux curés et autres bénis oui-oui…On s’arme, on se fige, on se défend…Les termes les plus courants pour décrire les rapports humains sont guerriers, on se dit et l’on est broyé, or tous nos rapports humains, non pas ceux qui se disent, qui s’affichent, mais tous les sentiments humains sous-jacents, ceux qu’on a peur de révéler, ceux que l’on cache pour ne pas passer pour bête, naïf ou séducteur invétéré, tous ces sentiments font le sel de la vie…ils pimentent nos relations et se trouvent dans le regard que l’on porte sur l’Autre….Il est sûr aujourd’hui que nous ne sommes pas des entités morales placées les unes à côté des autres, fonctionnant en huis-clos, repliées sur nos propres sentiments, mais bien des êtres vivants et donc inter-reliés, qui éprouvent, ressentent grâce aux autres…

Les recherches neuroscientifiques ont avancé dans le domaine et depuis la trouvaille géniale à Parme en 1992 de Rizzolatti concernant les neurones-miroirs, on est sûr que le fait de voir autrui effectuer une action active en chacun de nous, spectateurs de l’action, des neurones non pas récepteurs, mais également « émetteurs », de ces neurones qui font, qui accompagnent l’action…On simule avec lui l’action, ce qui explique scientifiquement ce sentiment d’empathie qui est intrinsèque à l’être humain, absent peut-être chez les psychopathes ou individus atteints de maladies cérébrales.

Entendre ces propos ce matin à la radio me réjouit car ils illustrent ce que je vis, offrir, donner, permet de s’épanouir, grandir, peu importe les sarcasmes et autres quolibets renvoyés par la société, ou par des gens qui eux-mêmes sont à l’état de fœtus émotionnel…

Dany Robert-Dufour dans son ouvrage intitulé L’individu qui vient, décrit très bien cette croyance en des utopies qui ont échoué, des mouvements de masse qui se sont soldés par des dictatures et dont s’est emparé le divin marché pour donner naissance à un être dénué de sentiments, qu’il se refuse à nommer « individu » (le terme individu est selon lui galvaudé par l’utilisation abusive d’individualisme pour nommer ce qui en fait est le libéralisme, qui repose lui-même sur les notions d’égoïsme, de consumérisme, du chacun pour soi… Or la naissance de l’individu de l’ère moderne passe par la reconnaissance de ces liens, de ces rapports, de ces échanges qui sont tout sauf marchands, l’économie de marché nous a fait croire que tout lien, toute relation sous-tend un rapport marchand et a contaminé des tas de secteurs de l’économie qui ne méritaient pas de l’être…Le lien humain, la relation aux autres trouve sa sève, son piment, ses couleurs dans les notions de générosité, d’échanges, d’empathie…De ces moments où l’on pose l’armure pour tendre à l’universel et toucher aux sentiments humains qui nous font vivre, avancer, nous construire…Voilà ce que j’avais envie d’écrire ce matin, faisant des liens entre mes cours, la radio, et mes lectures…

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