Et si l'amour était...

            L’amour n’est pas le sentiment qui reste quand tout est au repos enfin. N’est-il pas ce sentiment de l’apaisement, d’après le jugement… Quand il n’y a plus rien à prouver comme un forcené, quand on est passé de l’autre côté de la tempête, de l’autre côté des sentiments qui consiste à démontrer, affirmer… L’amour est l’innocence retrouvée, ce sentiment de quiétude, quand le lac a retrouvé son calme… L’amour n’est plus la passion, il n’est plus la fusion, le sentiment éperdu d’oubli de soi, il est au contraire l’immensément grand, cet accueil apaisé de nos jeunes années, cet éclat de la consolation que l’on trouve sur le grain de la peau… Il est un instant généreux partagé, sans se moquer, ni médire, il est l’acceptation capitale, sans condition, de ce que l’autre peut avoir à nous offrir, il est les larmes du père pour son enfant jouant du piano, les rires d’un ami racontant des blagues avec les mains, il est le corps alangui de l’amant dans les draps blancs du lit. Il est la chaleur du mois de juin, le parfum du soleil sur la peau, autant que le froid qui pique au petit matin, promesse d’une journée à venir, l’aube qui cligne de l’œil au creux du blanc des montagnes, le blanchiment du ciel avant une journée de randonnée…L’amour circule sans qu’on le voie, sans qu’on le sente parfois, il est perçu par les malheurs et les tourments qu’il cause, lorsqu’il est absent…L’amour a ces contours improbables et protéiformes de tous les âges de la vie. Il est cet œil qui brille, cette main qui fourmille, il passe par le présent parfois mais surtout par la reconnaissance le plus souvent, cette gratitude venue du cœur et qui est un mouvement difficile à définir… Un élan généreux, une embrassade légère, une danse partagée. Un plaisir culinaire, une sonate enthousiaste un chant au débotté… L’ivresse d’une parole tendre et maladroite, jusqu’aux instants de vie intimes partagés. L’amour se glisse dans les plis de nos vies en accordéon, qui, quand on les déploie offre ces bonheurs en fanion, ces guirlandes de nos enfances lorsque la kermesse allait enfin arriver. Tout l’amour se tient dans ces regards et ces gestes innocents qu’il nous arrive adultes parfois hélas d’oublier ou plutôt non, que certains s’obstinent à ne pas voir…