Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
beninfracas.over-blog.com

Un journal, des réflexions, des lecture, de la poésie et quelques envies

Jeu littéraire : à la manière de T. Vinau

Publié le 28 Octobre 2019 par F. B.

Lettre à ma mère

Julien 8 ans.

Maman je t’aime et je te déteste à la fois.

J’espère que tu comprendras, je ne pouvais pas commencer autrement ce récit, tu es le point d’origine de ma vie.

Jamais je n’ai pu dire du mal de toi. Mais il me faut pourtant aujourd’hui commencer par là.

L’écriture trouve son origine en ce point aveugle, en ce point de défi, de colère, en cet espace intime de trahison, celui où tu m’as laissé tout seul petit garçon.

Cet espace hors du temps, qui se fracasse aujourd’hui encore à la détresse de mes 40 ans. Je ne peux entendre un enfant pleurer, sans entendre en moi ce hurlement qui vient de la nuit des temps, ce cri qui jaillit, ce sanglot refoulé, cet espace trahi, et la porte qui se referme. La nounou de la rue du Nivernais, tente de me prendre dans ses bras, mon regard la foudroie. « oh toi tu es en colère. Tu as envie qu’on te fiche la paix, eh bien, ça tombe bien, j’ai plein de choses à faire, je m’en vais dans ma cuisine, rejoins moi quand tu ne seras plus fâché. Je n’aime pas les enfants qui boudent, encore moins les enfants qui crient… »

Si à cet instant, du haut de mes deux ans, j’avais pu m’exprimer, je n’aurais pas eu assez de mots, assez de cris, assez de phrases, pour exprimer le chamboulement intérieur, qui était le mien dans ces moments-là, le cri passé sous silence, le cri écrasé, le cri trépassé, la colère qui s’est figée, permafrost enfermée, ensevelie, qui repose au creux de mon être aujourd’hui, je la sens qui se déploie lentement sous les affres d’une thérapie, mais ne veux laisser échapper le sanglot tant j’ai peur de ce qu’il pourrait emporter avec lui.

 

La faille

Elle laisse passer la lumière. Elle permet de voir le monde à l’envers. A l’orée du sensible, le tangible n’est plus toujours celui que l’on croit. Je vois des étoiles au fond de vos yeux, et ce soir j’envie celui qui sait prendre la pause. On est à la veille de découvrir ce qu’est un trou noir, alors que ce puits sans fond ne doit pas être exploré. Laissons cet amas de chagrins, d’angoisses, d’oublis…Pourquoi l’homme persiste-t-il à vouloir tout expliquer. J’aime quand flotte l’indicible, l’incertitude de l’enfance. Je me vois avec cette incroyable curiosité, chevillée à l’esprit, mais avec déjà, du haut de mes 8 ans, l’acceptation de ne pas comprendre. Le monde de l’esprit n’est pas fini. Le monde émotionnel est multidimensionnel. On perçoit d’un même événement des émotions différentes.. Toute science tend à rationnaliser, mais la poésie trouve son esprit dans le geste singulier. Il a besoin d’être porté par le regard de celui qui fait confiance. On ne fait plus assez confiance tous autant que nous sommes….Arrêtons de douter à toute heure, de remettre en cause la parole de l’autre tout le temps. Retrouvons ce goût pour la parole juste. Renversons la table, retournons nos âmes, ayons l’audace de croire en ce qui nous raconte. Le monde est bâti sur ces failles de l’enfance, mais plutôt que de les stigmatiser, sachons voir à travers, percevons cette lumière.

Je sens avec amour la portée de votre regard, la grâce de vos sentiments, je n’ai pas l’habitude d’un tel regard, je suis méfiant, il me faut dépasser ces forets d’incertitude, les longues plaines de solitude, pour entrevoir l’autre et sa présence apaisante.

 

Le vent est calme

La pluie a cessé. La nuit soigne nos blessures. L’écheveau des bâtisses brisées et les tôles froissées témoignent de la violence de la tempête. Sur l’ile au petit jour, les hommes peinent à retrouver leur esprit. Ils sont nus face à la violence des éléments. Personne n’a pu leur porter secours.

Commenter cet article