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Un journal, des réflexions, des lecture, de la poésie et quelques envies

arme de perfidie massive

Publié le 14 Septembre 2018 par Franck Benin

Journal 14/09/18

Je suis toujours saisi par la capacité des hommes  et des femmes à parler sur, à dire du mal de, à s’essuyer les pieds sur l’autre. Mon propos peut s’avérer naïf de prime abord, cela existe depuis la nuit des temps, l’homme a toujours cru bon de dénigrer l’action de l’autre, de l’attaquer dans son identité, certes….pour autant je suis stupéfait lorsque j’entends une parole nauséabonde proférée sur une personne, parole répétée à l’envi plusieurs fois de suite par des personnes différentes, sans que celle-ci ne soit vérifiée. Elle devient alors une arme de perfidie massive qui répand son venin dans la bouche des spectateurs qui commentent l’action d’autrui, ne se rendant plus compte de la violence de leurs propos et de leur propre perte d’identité. Dire du mal d’Autrui avec  jouissance et perfidie pour se sentir appartenir à un groupe d’amis, de collègues, d’hommes et de femmes sur la même longueur d’ondes, tirant gloire et puissance de ce propos partagé, de cette connivence qui donne lieu d’appartenance me laisse perplexe. Difficile est de trouver sa propre voie, sa propre voix, aurais-je envie d’écrire, au quotidien, difficile de parvenir à faire entendre un son clair, authentique qui vient de soi, et donc facile est de se rouler dans la fange commune, en relayant les propos entendus sur le nouveau venu pour d’emblée ne pas lui permettre d’exister. Cette parole négative, cette critique à l’emporte-pièce, ce propos qui se veut trait d’esprit, devient arme de destruction massive quand il est relayé sans pensée, quand il perd sa substance de sens et n’est plus qu’une parole creuse, qui sert à stigmatiser. Il vient toucher une blessure profonde chez ceux qui portent cette parole, qui est celle de la fragilité, du manque d’identité, de substance… « j’existe par cette parole commune appauvrie, car j’existe par complicité au regard des autres, par l’exclusion de l’être visé, par mon pouvoir d’exécution sentencieux ». Or celui qui relaye cette pensée, sans la vérifier, ne voit pas qu’il saborde le même navire où il se trouve installé. A force de relayer cette parole et d’instaurer le climat nauséabond de la vindicte populaire, on devient soi-même complice de l’échec de l’action commune menée, puisque l’on contribue en désignant le bouc émissaire, à la saborder. Alors certes, ainsi on se dédouane, on fuit ses propres responsabilités, et pourtant, ce pouvoir de nuisance est selon moi souvent à l’origine même de l’action du nouveau venu. « Regarde il va tomber, il est incapable de marcher… » et de constater qu’en effet la personne a chuté. Vautours sur la branche attendant de plonger sur leur proie.

Les villages d’Autrefois étaient remplis de gens aimant commenter, dénigrer, les « cancaniers » faisant leur beurre et tirant bonne conscience à dire du mal d’autrui sans jamais se sentir concernés, cela continue aujourd’hui, dans d’autres espaces, d’autres domaines, les méthodes restent les mêmes. La personne n’est plus le paysan, nouveau venu, qui risque de prendre la terre ou d’avoir un rendement meilleur, mais le collègue qui peut faire de l’ombre ou le supérieur qui oppresse avant même d’avoir pris ses fonctions. Le levier de la paranoïa et du repli sur soi reste les mêmes, l’attaque réside dans la peur de cette rencontre nouvelle…et empêche de vivre ce partage de compétences en confiance…

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