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Un journal, des réflexions, des lecture, de la poésie et quelques envies

Traverser la scène...

Publié le 2 Avril 2018 par Franck Benin

02/04/18

15h00 Don Carlos à l’Opéra de Lyon

 

Je sors à l’instant de l’Opéra et suis encore tout ému par ce que je viens de vivre…Je me sens fatigué, l’impression « un peu coton » que l’on ressent après une forte émotion…

Stéphane y est tout simplement éblouissant de talent. C’est un bonheur de le voir avec cette maturité, cette aisance, irradier les planches de sa présence…

Je ne connais pas forcément toujours bien mes classiques, je ne vais pas très souvent à l’opéra, mais cet après-midi, bien calé dans mon fauteuil, les points sur les joues, je respire le souffle de son chant à plein poumons…

Je ne vais pas le cacher, j’en ai pleuré à chaudes larmes, de vraies larmes de bonheur, de réjouissance, des larmes d’existence, de celles qui saluent l’humain qu’on perçoit en l’autre…Ces larmes de l’enfance qui nous renvoient quelques années en arrière, comme si c’était hier…il venait de perdre son père...

Découvrir Don Carlos grâce à Stéphane est un vrai privilège, car prendre un billet pour l’opéra est encore aujourd’hui un mouvement qui n’est pas encore complètement naturel. Mais Stéphane joue ici le rôle de passeur, celui qui permet d’accéder à ce bouillonnement d’émotions, à ces dilemmes existentiels… Bien sûr je pourrais discuter quelques partis pris, quelques décors qui ne m’ont pas touché…Mais l’enjeu est bien ailleurs. J’ai eu la chance en début d’année avec la Chorale de l’ESPE de travailler quelques morceaux de Don Carlos, les airs me sont donc connus et j’ai plaisir à fredonner intérieurement ces airs entêtants, ces airs de fêtes, ces airs de foule, ces marches à la gloire de l’Espagne…

Quand je vois Stéphane sur scène, incarnant Rodrigue, je vibre à l'unisson, car même si nous n’avons partagé que quelques années de notre adolescence, nous sommes du même bois…Je sens son regard, sa présence qui m’est familière, il me permet de goûter à la texture même du chant. Alors bien sûr Claire en sortant me reprochera mon parti pris, ma mauvaise foi, « mais si, je te dis, il éclipse complètement Carlos… » C’est la fougue de Cyrano incarné par Depardieu, qui éclipse le jeu fade et inconsistant de Perez…

« Bien sûr c’est ton copain, et il est le meilleur… » « Non, j’ai pas dit ça, mais quand il est sur scène, il l’est vraiment, il ne fait pas semblant, il ne triche pas, il est là entier, et vivant ! En cela il est un artiste ! » Pouvoir visiter grâce à Stéphane toutes ces émotions, pouvoir voyager sur les ailes de l’enfance, sentir son éclat de rire dans la cour de récréation, sa démarche sincère, démarche que je retrouve au moment du salut, lorsque la salle l’ovationne... C’est bien mérité, je suis moi-même debout, tout tremblant, je pleure de joie de pouvoir y participer …

 

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