prière salutaire

Une prière pour cette nouvelle année 2019

Je prie…

Autrefois lorsque je priais c’était pour me protéger, pour me rassurer, me défendre d’un monde extérieur jugé trop grand...

Aujourd’hui je prierais, tel Léonard Cohen, not to say « I’m ready my Lord » mais bien pour trouver cette piste aux étoiles qui chemine parfois en nous, sans pour autant dire son nom. Je prie afin de trouver le mot juste, afin d’ouvrir la relation à de nouveaux horizons, je prie pour cet au-delà, qui envisage un futur que l’homme n’aurait pas trop défiguré. Je prie pour une empreinte sur la neige, pour le crissement de nos pas dans le creux de l’hiver, pour cette lumière rasante dans la campagne de mon enfance, ce rai de lumière qui éclaire la lisière et illumine les cristaux de givre, je prie pour cette promenade en forêt qui entour ma maison, je prie pour cette maison que je ne connais pas encore, mais que je vois déjà. Je prie pour cette chaleur, pour ce salon, pour cet immense lit et son édredon, je prie pour un bureau éclairé d’une lanterne ancienne, comme la lampe de la vigie suspendue au haut du phare. Je prie pour toutes ces bibliothèques qui enluminent la pièce de mille songes, pour cette intimité à nulle autre féconde, je prie pour ces instants volés au présent, mais constitutifs de mon être, qui me permettent d’écrire et de me réaliser, je prie pour avoir ce regard neuf qui ne recule pas devant la page et qui envisage l’ascension théorique autant que la fugue en lointaine métaphore. Je prie pour que mon cœur approuve toutes ces émotions et que mon corps jamais ne rejette la moindre de ces idées. Tout vient du bas, tout vient du ventre, je prie pour continuer d’éprouver mes plus belles céramiques poétiques à commencer par la marche à pied. Je souhaite éprouver ma campagne, sentir ses parfums, entendre soupirer ses forêts, je prie pour ce havre de paix, cet enclos, cette maison, ce jardin, aux promesses nouvelles dès que le printemps frétille, dès que les premières gelées s’estompent. Je prie pour ressentir cet éveil chaque année, sentir dans l’atmosphère ce parfum des jours qui rallongent. Je prie pour sentir le ventre de la terre frémir et féconder toute la flore d’un nouveau monde, je prie pour savoir embrasser les arbres de ma forêt, sentir leur sève frémir sous mes doigts brûlants, je prie pour apprendre à observer ces hautes futaies, le chant du rouge-gorge, des mésanges, et de tous ces oiseaux. Je prie pour ressentir au plus profond le chant de cette terre, que je n’idéalise pas, dont je sais les absences en hiver, la dureté, les outrages, la rigueur, mais qui passe pourtant en mon sang et que tôt ou tard, je rejoindrai.

Je veux donc vivre tapi au fond des bois, au grand air. Je prie pour une retraite heureuse à l’abri du monde qui gronde, je prie pour ce réel qu’on veut dire poétique et qui n’est rien d’autre qu’un monde en devenir quand on sait le regarder. La beauté du monde réside dans le regard que nous posons sur lui. Je prie pour l’abandon de tout ce qui parait essentiel mais n’est autre que parasite et broutille, je prie pour l’effondrement des citadelles d’or et d’acier, je prie pour que toute cette monnaie redevienne papier au sens premier, et qu’un brin de lucidité éclaire les ruines de ce wall street désemparé, je prie pour tout cela et bien plus encore mais je sens que ma prière pourrait devenir quotidienne tant le désir est vagabond, enchanteur, prometteur et changeant.

Je prie pour ma famille, mes parents, mes amis,

Je prie pour que nos relations s’éclairent d’un jour nouveau,

Je prie pour que la rencontre ait lieu véritablement,

Je prie pour que nos solitudes soient fécondes,

Je sens en moi ce cœur qui bat, ce cœur qui fatigue parfois,

Je regarde le ciel en ce jour lumineux,

Et sens la ligne d’horizon qui découpe mon souffle

J’ai peur parfois de ne pas avoir les jours pour écrire,

Non pas les mots pour le dire, mais le temps de m’inscrire,

Toute mon âme, j’espère avoir ce temps précieux pour sentir grandir la plume qui vibre en moi,

Je sens cette course, je sens cet élan,

Mais parfois il me manque le souffle,

Donner autant que faire se peut,

Se montrer généreux,

Sentir la confiance dans la parole et dans le geste,

Pouvoir faire aveu de faiblesse,

Je sens un monde qui s’ouvre,

Même si j’ai peur de cette porte qui s’entrouvre…